Matisse, une seconde vie » : le titre de cette exposition que j’ai vue en 2005 m’inspire car il reflète bien ce que je pense de la psychothérapie : redémarrer dans sa vie sur de nouvelles bases, avec un nouveau regard, avoir une seconde chance face aux événements.
Une seconde chance ou une seconde vie pour ceux et celles qui, comme moi, n’ont pas démarré dans les conditions les plus favorables à leur développement. La thérapie est un moyen – pas le seul – qui permet de retirer les cailloux qui encombrent le chemin et empêchent la source de couler.
Souvent je m’interroge sur ce qui fait l’intérêt de la thérapie, dans son format si particulier : être en face d’un autre qu’on paye pour nous écouter. Comment ça marche ? Qu’est ce qui fait avancer ? Qu’y ai-je trouvé pour moi-même ?
L’autre jour il m’est apparu que ce qui avait été réparateur pour moi, c’était d’avoir eu la possibilité de faire quelque chose après coup. Me dire que ça n’était ni définitif ni trop tard.
Prenons un exemple à partir d’une situation qui s’est produite dans ma propre thérapie : je sonne et ma psy ne m’ouvre pas immédiatement la porte, contrairement à d’habitude. Ce qui m’étonne, car justement, je suis en retard et … aussi un peu stressée. J’attends. Et ce temps me paraît long, interminable. Soudain c’en est trop : quelque chose cloche, me laisser là dehors devant cette porte fermée est un manque de respect, je me sens prisonnière, prise au piège, je suis en colère, l’envie de repartir monte en moi !
Une fois assise devant elle, au lieu de ravaler tout ça, je lui en parle. J’ose avouer toutes ces pensées qui me sont venues à propos de ce petit événement, j’ose dévoiler la réaction disproportionnée que cela a déclenché en moi. Elle m’écoute, attendrie, elle me raconte ce qui a retardé l’ouverture. Je vois qu’elle est en contact avec moi et je comprends qu’elle l’était déjà, avant d’ouvrir. Alors je me sens apaisée et … bête aussi. Nous avançons ainsi, pas à pas, dans l’observation dénuée de jugement, regardant comment la situation m’a stimulée, comment des mécanismes anciens ont été réactivés en moi. Alors cette fois, ça n’est pas resté enkysté, ça a fait son chemin…
C’est précieux de pouvoir en faire quelque chose ensemble, ce qui est rarement le cas dans nos relations quotidiennes. Avoir la possibilité de rester en contact, même quand c’est délicat, même quand la honte pointe son nez, même quand la colère débarque sans crier gare. Rester là, parce que nous partageons le même but : comprendre des fonctionnements, les assouplir, s’en libérer.
C’est bon d’avoir cette seconde chance !
Frédérique Bricaud – La Rochelle – Psychothérapie