Dialogue avec Marie, 36 ans
MARIE : La Gestalt thérapie ? c’est quoi, ça ? Je n’en ai jamais entendu parler !
MOI : ça ne m’étonne pas : moi non plus je n’en avais jamais entendu parler, avant de commencer mes études de psychothérapeute. C’est un terme allemand qui n’a pas de sens pour nous…
MARIE : Alors pourquoi avez-vous choisi la Gestalt ?
MOI : Parce qu’un ami m’avait dit que c’était une approche orientée sur la présence, l’expression des émotions, le langage du corps. Et qui favorise la conscience dans l’ici et maintenant, dans le présent. Ça n’est pas comme la psychanalyse, qui est orientée vers le passé et qui travail sur l’inconscient, en passant par le mental, le verbal.
MARIE : Ah… On ne parle pas alors ?
MOI : Si si, on parle, bien sûr ! Mais pas seulement. Tout est important. Et surtout ce qui se passe dans la relation.
MARIE : Dans la relation ? C’est à dire ?
MOI : On observe ensemble ce qui se passe en séance et on fait des liens avec votre quotidien, avec vos relations à la maison, au bureau, ou dans votre enfance.
MARIE : Mais ce qui se passe avec vous, dans le cabinet, ça n’a rien à voir !
MOI : Détrompez-vous : on répète un peu toujours les mêmes comportements, nos réactions se retrouvent dans différents contextes. Donc ça se voit aussi en séance. En permanence, naturellement, vous émettez des signaux : mimiques, gestes, intonations, réactions, que je peux relever pour qu’on les décode ensemble. Nous mettons en lumière la façon spéciale et créative dont vous fonctionnez, votre manière d’interagir avec l’autre, donc avec moi.
MARIE : Ou la la ! Mais je vais me sentir mal à l’aise à être observée ainsi à la loupe !
MOI : Rassurez-vous, ça se fait naturellement, par petites touches et avec bienveillance. Et puis on est un peu là pour vous, non ? Le temps de la séance, vous êtes la personne la plus importante pour moi et j’espère vous aider à devenir la personne la plus importante pour vous-même.
MARIE : Oh mais je m’occupe déjà beaucoup de moi. Si je pouvais me lâcher un peu, d’ailleurs, ça ne me ferait pas de mal !
MOI : Vous êtes critique envers vous-même, c’est ça ? Avec la thérapie, votre regard devrait devenir plus tolérant, plus doux.
MARIE : Mais j’ai besoin de m’améliorer, pas de m’aimer !
MOI : Justement, c’est la première étape pour pouvoir évoluer : s’accepter tel qu’on est, sans se juger. Sinon on freine sa propre évolution. En Gestalt on commence par accueillir ce qui est là avant de vouloir le changer.
MARIE : Ah ? Mais moi je viens pour faire bouger les choses, pas pour me regarder le nombril, comme dirait ma mère.
MOI : Nous allons définir votre objectif, Marie. Et j’entends bien que si vous êtes là, c’est pour faire évoluer votre situation. C’est sur la méthode que nous allons innover. Est-ce que votre façon de faire vous satisfait ?
MARIE : Oui, je crois… je réfléchis et je fais des efforts pour corriger mes comportements.
MOI : Est-ce que ça marche bien ?
MARIE : Plus ou moins. Je ne suis pas satisfaite de mes relations… mais ça ne vient pas forcément de moi, ça vient des autres aussi !
MOI : C’est sûr. Seulement les autres, ils ne sont pas là et on n’a pas beaucoup de moyens pour les faire bouger. Alors c’est sur vous qu’on va se concentrer. Et pour ça, on va essayer de vous comprendre en profondeur, sans vous juger. On dirait que vous êtes exigeante avec vous-même, non ?
MARIE : Oui, c’est vrai. ça vient de mon éducation. Ma mère, sans doute.
MOI : Alors on va regarder comment votre mère est présente dans votre façon de faire, de vous parler à vous-même. Peut-être que parfois c’est une aide et peut-être que parfois c’est plutôt un frein. Ainsi vous aurez le choix, vous serez libre de continuer ou de faire autrement.
MARIE : Ah, je vois. Je vais pouvoir être plus moi-même, c’est ça ?
MOI : Oui, un « moi-même » plus conscient, plus choisi, moins subi. Et cela va impacter vos relations, aussi. Donc cela aura une influence sur les autres, finalement.
MARIE : Espérons ! Mais j’avais l’impression que c’était déjà ce que je faisais…
MOI : La différence, Marie, c’est que là, nous allons pouvoir le valider ensemble, le tester en séance. La Gestalt ça n’est pas théorique, c’est pratique. Je vais vous proposer des expérimentations, des mises en situations, du dessin éventuellement, pour favoriser d’autres formes d’expression. ça permet de contourner le mental, les habitudes et de faire un tout petit pas vers la nouveauté.
MARIE : Je ne suis pas très à l’aise avec cette idée de mise en situation. Je n’ai jamais été douée pour le théâtre.
MOI : ça sera très simple, vous savez. Et sans spectateurs ! Je ne le propose que lorsque ça me semble une bonne piste. J’explique l’idée, l’intention, on imagine ensemble ce que ça pourrait donner. Et si ça ne vous séduit pas, on ne force pas. On est là aussi pour apprendre à se respecter, à mettre des limites, à sentir ce qui est juste.
MARIE : ça me semble bien, ça me parle. Je sens qu’il y a du respect.
MOI : C’est essentiel. Ce que vous sentez déjà, c’est l’impact de la relation. C’est pour ça que le feeling avec le thérapeute compte autant que l’approche utilisée. Cette pratique est centrée sur la relation, relation à l’autre et surtout à soi. On dit que la Gestalt c’est l’art du contact(*). C’est un beau chemin, vous verrez.
La Gestalt, psychothérapie du contact – Psychologue.net
(*) Voir le livre « La Gestalt : l’art du contact » par Serge Ginger (1995) : « Pratiquée individuellement, en couple, en groupe, dans le cadre du développement des ressources personnelles, la Gestalt valorise un contact authentique en intégrant les dimensions sensorielles, émotives, intellectuelles, sociales et spirituelles. »
Frédérique Bricaud – Gestalt thérapie – La Rochelle